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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

circonstance, au lieu d’être jetées contre les récifs, elles furent soulevées par une lame de fond et portées sur une grève sablonneuse où elles s’échouèrent sans faire de graves avaries.

Au même instant, Jacques Helloch sortit de l’eau et prit pied.

Entre ses bras s’abandonnait Jean, qui avait perdu connaissance. Après l’avoir déposé près d’une roche, la tête légèrement relevée, il essaya de le rappeler à lui…

Personne n’avait péri pendant cette tempête, — ni lorsque les pirogues se heurtaient l’une l’autre, ni quand elles s’échouèrent.

M. Miguel et ses compagnons, qui venaient de sauter hors de la Maripare, se dirigèrent vers Jacques Helloch, agenouillé près du jeune garçon.

Germain Paterne, sain et sauf, accourait aussi, tandis que les équipages halaient les embarcations hors du ressac.

Le sergent Martial arriva au moment où Jean, ouvrant les yeux, adressait un regard à son sauveur.

« Mon enfant… mon enfant !… s’écria-t-il.

— Martial… mon bon Martial !… » murmura Jean.

Puis ses yeux se refermèrent, après avoir remercié une dernière fois celui qui venait de braver la mort pour lui…

À cinq cents mètres sur la gauche, apparaissaient les premières maisons de San-Fernando, et il fallait s’y rendre sans retard.

Jacques Helloch allait donc reprendre le jeune garçon, lorsque le sergent Martial lui dit :

« Si je ne sais pas nager… je sais marcher du moins… monsieur, et la force ne me manquera pas pour porter mon enfant ! »

Ce fut là tout le remerciement qu’il adressa au jeune homme.

Alors, Jean entre ses bras, accompagné de M. Miguel et de ses deux collègues, de Jacques Helloch et de Germain Paterne, le sergent Martial suivit le sentier de la berge qui conduisait à la bourgade.