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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

pavas, hoccos, pigeons, canards, toujours bien accueillis par le personnel des pirogues.

Il suit de là que MM. Varinas et Felipe, Jean de Kermor et le sergent Martial demeurèrent les uns dans les embarcations, les autres sur la rive ou dans le village, tandis que Jacques Helloch, M. Miguel, suivis de Germain Paterne, sa boîte de botaniste au dos, s’enfonçaient sous le couvert des palmiers, des calebassiers, des coloraditos et des innombrables morichals disposés en épais taillis au-delà des champs de cannes et de manioc.

Il n’y avait pas à craindre de s’égarer, car la chasse devrait s’effectuer dans le voisinage d’Augustino, à moins que les chasseurs ne fussent entraînés au loin par leur passion cynégétique.

Au surplus, il n’y eut pas lieu de s’éloigner. Dès la première heure, M. Miguel abattit un cabiai, et Jacques Helloch coucha un cerf sur le sol. Avec ces deux bêtes, ils auraient une suffisante charge à rapporter aux falcas. Peut-être auraient-ils mieux fait d’emmener avec eux un ou deux Indiens ; mais aucun d’eux ne s’étant offert pour ce service, ils n’avaient point réclamé leur concours. D’autre part, n’ayant pas voulu déranger les mariniers occupés aux petites réparations des pirogues, ils étaient partis seuls et ils reviendraient seuls au village.

Les voilà donc, alors qu’ils étaient éloignés de deux à trois kilomètres, M. Miguel, son cabiai sur l’épaule, Jacques Helloch et Germain Paterne, portant le cerf, en route pour Augustino, et ils ne s’en trouvaient plus qu’à cinq ou six portées de fusil, lorsqu’ils s’arrêtèrent afin de reprendre haleine.

Il faisait très chaud, et l’air circulait assez difficilement sous le dôme épais des arbres. À cet instant, comme ils venaient de s’étendre au pied d’un palmier, les branches d’un fourré très dru, à leur droite, s’agitèrent avec violence. Il semblait qu’une masse puissante essayait de s’engager entre le fouillis des arbrisseaux.

« Attention !… dit Jacques Helloch à ses compagnons. Il y a là quelque fauve…