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QUELQUES OBSERVATIONS DE GERMAIN PATERNE.

— Non, et nous avons dépassé l’embouchure du Meta sans y pénétrer.

— Et le rio Sipopo ?…

— Nous avons négligé le rio Sipopo.

— Et le rio Vichada ?…

— Nous avons aussi manqué à tous nos devoirs envers le rio Vichada.

— C’est ainsi que tu plaisantes, Jacques ?…

— C’est ainsi, mon bon Germain, car, enfin, tu devrais te dire que ce que nous n’avons pas fait à l’aller, il sera toujours temps de le faire au retour. Ils ne disparaîtront pas, tes affluents, j’imagine, ils ne s’assèchent même pas dans la saison chaude, et nous les retrouverons à leur place habituelle, lorsque nous redescendrons le superbe fleuve…

— Jacques… Jacques… quand nous aurons l’honneur d’être reçus par le ministre de l’Instruction publique…

— Eh bien, naturaliste que tu es, nous lui dirons, à ce haut fonctionnaire : si nous avions été seuls, monsieur le ministre, nous aurions sans doute procédé à ces excursions en remontant l’Orénoque, mais nous étions en compagnie… en bonne compagnie… et il nous a paru qu’il valait mieux naviguer de conserve jusqu’à San-Fernando…

— Où nous séjournerons quelque temps, je suppose… demanda Germain Paterne.

— Le temps de trancher cette question du Guaviare et de l’Atabapo, répondit Jacques Helloch, non point qu’elle ne me paraisse résolue au profit de M. Miguel. Après tout, ce sera une occasion excellente d’étudier ces deux affluents dans la société de MM. Felipe et Varinas. Tu peux être certain que notre mission y gagnera, et que le ministre de l’Instruction publique nous enguirlandera de ses félicitations les plus officielles ! »

Il convient de dire que Jean de Kermor, alors seul à bord de la Gallinetta, avait entendu cette conversation des deux amis. Ce