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QUELQUES OBSERVATIONS DE GERMAIN PATERNE.

En même temps que le soleil déclinait sur l’horizon, le vent diminua graduellement en halant le nord-est, et il refusa même vers les cinq heures du soir.

Les pirogues naviguaient alors à la hauteur du raudal de Garcita. Sur le conseil du patron Valdez, les passagers se préparèrent à stationner en cet endroit, qui leur offrait un abri convenable pour la durée de la nuit.

Le parcours pendant cette journée n’avait été que d’une quinzaine de kilomètres, et l’on se remit en route le lendemain dès l’aube naissante.

Le passage du raudal de Garcita n’offrit aucune difficulté. Il est praticable toute l’année et ne nécessite aucun transbordement. En ce mois, d’ailleurs, l’Orénoque, coulant à pleine eau, gardait une profondeur suffisante pour des embarcations à fond plat. Cependant il commençait à baisser, puisqu’on était déjà à la mi-septembre, et la saison sèche ne tarderait pas à réduire son étiage.

Il est vrai, les pluies étaient encore abondantes et fréquentes. Elles n’avaient point épargné les voyageurs depuis leur départ, et ils devaient subir des averses torrentielles jusqu’à leur arrivée à San-Fernando. Ce jour-là, d’interminables rafales obligèrent à se confiner sous les roufs. En somme, la brise tendait plutôt à fraîchir — ce dont il n’y avait pas à se plaindre.

Le soir, dans un coude du fleuve arrondi vers l’est, entre la rive droite et une île, l’île Rabo Pelado, les pirogues relâchèrent à un endroit assez abrité.

De six heures à sept heures, les chasseurs battirent la lisière de cette île, toute hérissée de taillis et presque impénétrable. Ils purent abattre une demi-douzaine de gabiotas, palmipèdes de petite espèce, gros comme des pigeons, et qui furent servis au repas du soir.

En outre, au retour, Jacques Helloch tua d’une balle un de ces jeunes caïmans que les Indiens appellent babas, et dont ils déclarent la chair excellente.