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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

Cucuritale, où se retrouvent les traces du passage de l’infortuné docteur Crevaux, enfin au cerro de Los Muertos, où ces grottes servent de cimetière aux Indiens Piaroas. M. Miguel et ses compagnons descendirent même pendant une douzaine de kilomètres vers le sud-est, afin de visiter le cerro Pintado. C’est un bloc de porphyre, haut de deux cent cinquante mètres, que les indigènes sont parvenus à décorer, vers son milieu, d’inscriptions gigantesques, de dessins représentant un scolopendre, un homme, un oiseau, un serpent long de plus de trois cents pieds.

Peut-être Germain Paterne eût-il préféré recueillir quelque plante rare à la base de la Montagne-Peinte, — il vaudrait mieux l’appeler la Montagne-Gravée, — mais, à son vif regret, ses recherches furent infructueuses.

Il va sans dire que les excursionnistes revenaient de ces longues promenades passablement fatigués. La chaleur était excessive, et les fréquents orages, qui éclataient avec violence, n’arrivaient pas à la modérer.

Ainsi s’écoula le temps au village d’Atures. Les deux repas quotidiens réunissaient tous les convives à la même table. On se narrait les événements de la journée. Jean prenait un vif plaisir au récit des chasses de Jacques Helloch, toujours soucieux de détourner le jeune garçon des tristes préoccupations de l’avenir. Et quels vœux il formait pour que Jean obtînt à San-Fernando d’exactes informations relativement au colonel de Kermor, et qu’il ne fût pas obligé de se risquer en de lointaines aventures !

Puis, le soir venu, le jeune garçon lisait à haute voix diverses pages de son guide favori, et plus spécialement celles qui concernaient Atures et ses environs. M. Miguel et ses collègues étaient frappés de l’exactitude, de la précision des renseignements de l’explorateur français en ce qui concernait le cours de l’Orénoque, les mœurs des différentes tribus indiennes, les particularités de leurs territoires, les coutumes des llaneros, avec lesquels il s’était trouvé en rapport.