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RELÂCHE AU VILLAGE D’ATURES.

Les voiles furent étarquées, de manière à imprimer le maximum de vitesse, et, si la brise se maintenait, les falcas auraient fait le soir plus de la moitié du chemin.

Pendant la matinée, Jacques Helloch et Germain Paterne vinrent trois ou quatre fois observer le sergent Martial.

La respiration du blessé était bonne, son sommeil profond et tranquille.

L’après-midi, vers une heure, lorsqu’il se réveilla, le sergent Martial vit à son côté le jeune garçon, et il le salua d’un bon sourire. Mais, en apercevant les deux Français près de lui, il ne put dissimuler une certaine grimace.

« Est-ce que vous souffrez davantage ?… lui demanda Germain Paterne.

— Moi… monsieur… répliqua le sergent Martial, comme s’il eût été froissé d’une pareille demande, pas le moins du monde !… Une simple égratignure… un bobo !… Est-ce que vous vous imaginez que j’ai une peau de femmelette !… Il n’y paraîtra plus demain, et, si cela vous plaît, je ne serais pas gêné de vous porter sur mon épaule !… D’ailleurs, je compte bien me lever…

— Non… vous resterez couché, sergent, déclara Jacques Helloch…. C’est ordonné par le médecin…

— Mon oncle, ajouta le jeune garçon, tu voudras bien obéir à l’ordre… et sous peu tu n’auras plus qu’à remercier ces messieurs de leurs soins…

— C’est bon… c’est bon !… » murmura le sergent Martial, grognant comme un dogue agacé par un roquet.

Germain Paterne fit alors un nouveau pansement, et constata que la plaie ne s’était point envenimée. À coup sûr, si la flèche eût été empoisonnée, l’effet du poison aurait déjà commencé à se manifester. Physiquement sinon moralement, le blessé, en ce moment, eût été frappé de paralysie partielle.

« Allons… sergent… cela va mieux… affirma Germain Paterne.