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UN NUAGE DE POUSSIÈRE À L'HORIZON.

nando, et là, vous obtiendrez les renseignements qui assureront le succès de vos recherches. »

La réunion se prolongea jusqu’à dix heures, et les hôtes du chef civil, après avoir pris congé de cette obligeante famille, retournèrent à bord de leurs pirogues, qui devaient démarrer le lendemain au jour levant.

Jean alla s’étendre sur sa couchette à l’arrière du rouf, et, sa chasse ordinaire aux moustiques terminée, le sergent Martial vint s’étaler sur la sienne.

Tous les deux s’endormirent, mais leur sommeil ne fut pas de longue durée.

Vers deux heures, une rumeur lointaine, continue, croissante, les réveilla.

C’était comme un sourd bruissement qu’on ne pouvait confondre avec le roulement même éloigné de la foudre. En ce moment aussi, les eaux du fleuve, soumises à une agitation singulière, imprimaient un balancement de roulis à la Gallinetta.

Le sergent Martial et le jeune garçon se relevèrent, sortirent du rouf, vinrent se poster au pied du mât.

Le patron Valdez et ses mariniers, debout à l’avant de la falca, interrogeaient l’horizon.

« Qu’y a-t-il, Valdez ?… demanda Jean.

— Je ne sais…

— Est-ce un orage qui s’approche ?…

— Non… le ciel est sans nuages… la brise souffle du levant… elle est faible…

— D’où vient ce trouble ?…

— Je ne sais… je ne sais… » répétait Valdez.

En effet, c’était inexplicable, à moins qu’il ne se produisit, en amont ou en aval du village, une sorte de mascaret, dû à la crue subite du fleuve. On peut s’attendre à tout de la part de ce capricieux Orénoque.

À bord de la Maripare, même étonnement chez les passagers et chez l’équipage.