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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Ni d’une façon, ni d’une autre, répondit le chef civil. Les llaneros, qui revenaient de l’est, que nous avons interrogés à plusieurs reprises, affirment ne point les avoir rencontrés.

— Est-ce que leur intention, reprit Jean, n’était pas de remonter le cours de l’Orénoque ?…

— Oui, mon cher enfant, répondit M. Marchal, et ils comptaient stationner aux divers villages riverains. Ils voyagent un peu à l’aventure, m’ont-ils déclaré. L’un, M. Germain Paterne, herborise avec la curiosité d’un naturaliste qui risquerait sa vie pour découvrir une plante inconnue. L’autre, M. Jacques Helloch, chasseur déterminé, est passionné pour les choses géographiques, le relèvement d’une contrée, la détermination d’un cours d’eau. Ces passions-là conduisent loin… très loin souvent… trop loin peut-être… et quand il s’agit de revenir…

— Espérons, dit M. Varinas, qu’il n’est rien arrivé de fâcheux à ces deux Français !

— Il faut l’espérer, répondit le chef civil, bien que leur absence se soit déjà trop prolongée !

— Est-il certain, questionna M. Felipe, qu’ils devaient revenir à la Urbana ?…

— Aucun doute à cet égard, puisque leur pirogue les y attend avec les collections qu’ils ont recueillies déjà et le matériel de campement.

— Lorsqu’ils sont partis, dit Jean, avaient-ils un guide… une escorte ?…

— Oui… quelques Mapoyos que je leur avais procurés, répliqua le chef civil.

— Des hommes dont vous étiez sûr ?… demanda M. Miguel en insistant.

— Aussi sûr qu’on peut l’être, lorsqu’il s’agit des Indiens de l’intérieur.

— Et, reprit Jean, sait-on quelle partie du territoire ils s’apprêtaient à visiter ?…