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UN NUAGE DE POUSSIÈRE À L'HORIZON.

Ces paroles, prononcées avec une véritable animation, témoignaient de la chaleur que conservait le cœur de ce vénérable Vénézuélien.

Lorsque M. Marchal et le chef civil surent quel but poursuivaient MM. Miguel, Felipe et Varinas, Jean crut bien s’apercevoir qu’ils se regardaient non sans quelque surprise. Pour eux, la question de l’Orénoque n’était-elle pas tranchée depuis longtemps, et en faveur de M. Miguel ?

Bien que M. Marchal n’en fût plus à connaître San-Fernando, et que son opinion fût établie relativement à l’Atabapo et le Guaviare, il ne laissa pas d’encourager les trois membres de la Société de Géographie à pousser leur recherche jusqu’au confluent des trois fleuves.

« La science ne pourra qu’en profiter, dit-il, et qui sait, messieurs, si vous ne rapporterez pas de cette expédition quelque découverte personnelle ?…

— C’est notre espoir, répondit M. Miguel, car il s’agit de visiter une région presque inconnue, s’il faut aller au-delà de San-Fernando…

— Et nous irons… affirma M. Felipe.

— Aussi loin qu’il le faudra ! » ajouta M. Varinas.

Le sergent Martial ne saisissait qu’imparfaitement le sens de cette conversation, dont son neveu lui traduisait quelques mots. Cela l’étonnait toujours, que des gens, à moins qu’ils ne fussent privés de raison, eussent la curiosité de savoir de « quel trou sortait une rivière ».

« Enfin, murmura-t-il, si tous les hommes étaient sages, on ne bâtirait pas tant d’hospices pour les fous ! »

L’entretien porta alors sur les deux Français dont on attendait vainement le retour à la Urbana. Le chef civil les avait reçus à leur arrivée. M. Marchal les connaissait aussi, car, en partant, ils s’étaient arrêtés un jour au hato de la Tigra.

« Et depuis leur départ, demanda M. Miguel, vous n’avez plus entendu parler d’eux ?…