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le sphinx des glaces

le soleil débordait l’horizon méridional, et l’opération présenterait de réelles difficultés. Cependant on parvint à prendre hauteur avec une certaine approximation, et les calculs donnèrent les résultats suivants :

Latitude : 75° 17′ sud.

Longitude : 118° 3′ est.

Donc, à cette date du 12 mars, le Paracuta n’était plus séparé que par la distance de quatre cents milles des parages du cercle antarctique.

Une remarque qui fut faite alors, c’est que le détroit, très restreint à la hauteur du soixante-dix-septième parallèle, s’élargissait à mesure qu’il se développait vers le nord. Même avec les longues-vues, on n’apercevait plus rien des terres de l’est. C’était là une circonstance fâcheuse, car le courant, moins resserré entre deux côtes, ne tarderait pas à diminuer de vitesse, et finirait par ne plus se faire sentir.

Durant la nuit du 12 au 13 mars, une brume assez épaisse se leva après une accalmie de la brise. Il y avait lieu de le regretter, car cela accroissait les dangers de collision avec les glaces flottantes. Il est vrai, l’apparition des brouillards ne pouvait nous étonner en de tels parages. Toutefois, ce qui eut lieu de surprendre, c’est que, loin de décroître, la vitesse de notre canot s’augmenta graduellement, bien que la brise eût calmé. À coup sûr, cette accélération n’était pas due au courant, puisque le clapotis des eaux à l’étrave prouvait que nous marchions plus vite que lui.

Cet état de choses dura jusqu’au matin, sans que nous pussions nous rendre compte de ce qui se passait, lorsque, vers dix heures, la brume commença à se dissoudre dans les basses zones. Le littoral de l’ouest reparut — un littoral de roches, sans arrière-plan de montagnes, que longeait le Paracuta.

Et alors se dessina, à un quart de mille, une masse qui dominait la plaine d’une cinquantaine de toises sur une circonférence de deux