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le sphinx des glaces

Et, en premier lieu, sur l’avis du capitaine et du second, on résolut d’établir un campement sur la côte du nord-ouest. Du village de Klock-Klock, on n’apercevait pas le large. Or, il importait d’être constamment en vue de la mer, pour le cas — si improbable, hélas ! — où quelque bâtiment apparaîtrait sur les parages de Tsalal !…

Le capitaine William Guy, Patterson et leurs cinq compagnons redescendirent donc à travers le ravin à demi rempli des décombres de la colline, au milieu des scories friables, des blocs de granit noir et de marne grenaillée, où scintillaient des points métalliques. Tel s’était présenté aux yeux d’Arthur Pym l’aspect de ces lugubres régions, « qui, dit-il, marquaient l’emplacement de la Babylone en ruine !… ».

Avant de quitter cette gorge, William Guy eut la pensée d’explorer la faille de droite où Arthur Pym, Dirk Peters et Allen avaient disparu. Cette faille étant obstruée, il lui fut impossible de pénétrer à l’intérieur du massif. Aussi ne connut-il jamais l’existence de ce labyrinthe naturel ou artificiel, qui faisait le pendant de celui qu’il venait d’abandonner, lesquels communiquaient peut-être l’un avec l’autre sous le lit desséché du torrent.

Après avoir franchi cette barrière chaotique qui interceptait la route du nord, la petite troupe se dirigea rapidement vers le nord-ouest.

Là, sur le littoral, à trois milles environ de Klock-Klock, on procéda à une installation définitive au fond d’une grotte à peu près semblable à celle que nous occupions actuellement sur la côte d’Halbrane-Land.

Et c’est en cet endroit que, pendant de longues et désespérantes années, les sept survivants de la Jane vécurent, comme nous allions le faire nous-mêmes, — il est vrai, dans des conditions meilleures, puisque la fertilité du sol de Tsalal offrait des ressources qui manquaient à celui d’Halbrane-Land. En réalité, si nous étions condamnés à périr, lorsque nos provisions seraient épuisées, eux ne l’étaient pas. Ils pouvaient indéfiniment attendre… et ils attendirent…