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le sphinx des glaces

— quelques-uns des matelots s’y trouvaient déjà, — lorsque retentirent des cris de stupéfaction et d’épouvante…

Quel effrayant spectacle, et, si court qu’il ait été, quelle ineffaçable impression de terreur il a laissée dans nos âmes !

Un des énormes blocs, qui formaient le talus de la souille où gisait l’Halbrane, déséquilibré par la fusion de sa base, venait de dévaler et roulait en énormes bonds par-dessus les blocs…

Un instant après, la goélette, n’étant plus retenue, oscillait sur cette pente…

Il y avait à bord, sur le pont, à l’avant, deux hommes, Rogers et Gratian… En vain ces malheureux voulurent-ils sauter par-dessus les bastingages, ils n’en eurent pas le temps, et furent entraînés dans l’effroyable chute…

Oui ! j’ai vu cela !… j’ai vu la goélette se renverser, glisser d’abord sur son flanc gauche, écraser une des recrues, qui tarda trop à se jeter de côté, puis rebondir de blocs en blocs, et enfin se précipiter dans le vide…

Une seconde après, défoncée, disloquée, le bordage ouvert, la membrure brisée, l’Halbrane s’engloutissait, en faisant rejaillir une énorme gerbe d’eau au pied de l’ice-berg !…