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noter celles de ces observations qui présenteront une certaine exactitude…

— C’est ce que je fais, monsieur Jeorling, et nous rapporterons quantité de renseignements sur cette portion de la mer australe, lesquels serviront aux futurs navigateurs…

— S’il en est jamais qui se hasardent jusqu’ici, capitaine ! Pour y avoir réussi, il a fallu que nous fussions servis par des circonstances particulières, la précocité de la belle saison, une température supérieure à la normale, une débâcle rapide des glaces. En vingt ans… en cinquante ans… ces circonstances s’offrent-elles une seule fois ?…

— Aussi, monsieur Jeorling. j’en remercie la Providence, et l’espoir m’est quelque peu revenu. Puisque le temps a été constamment beau, pourquoi mon frère, pourquoi mes compatriotes n’auraient-ils pas atterri sur cette côte, où les portaient les vents et les courants ?… Ce que notre goélette a fait, leur embarcation a pu le faire… Ils n’ont pas dû partir sans s’être munis de provisions pour un voyage qui pouvait indéfiniment se prolonger… Pourquoi n’auraient-ils pas trouvé là les ressources que l’île Tsalal leur avait offertes pendant de longues années ?… Ils possédaient des munitions et des armes… Le poisson abonde en ces parages, le gibier aquatique aussi… Oui, mon cœur est rempli d’espérance, et je voudrais être plus vieux de quelques heures ! »

Sans partager toute la confiance du capitaine Len Guy, j’étais heureux qu’il eût repris le dessus. Peut-être, si ses recherches aboutissaient, peut-être obtiendrais-je qu’elles fussent continuées dans l’intérêt d’Arthur Pym, — même à l’intérieur de cette terre dont nous n’étions plus éloignés.

L’Halbrane avançait lentement à la surface de ces eaux claires, fourmillant de poissons qui appartenaient aux espèces déjà rencontrées. Les oiseaux marins se montraient en plus grand nombre et ne semblaient pas trop effrayés, volant autour de la mâture ou se perchant sur les vergues. Plusieurs cordons blanchâtres, d’une longueur