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prudence dont l’Halbrane ferait sagement de ne point s’écarter. Aussi, en cas que cela fût nécessaire, notre goélette, ayant renouvelé sa provision d’eau aux aiguades de Tristan d’Acunha, approvisionnée de vivres frais, aurait le temps de rallier, soit aux Falklands, soit à la côte américaine, un port mieux outillé, au point de vue des réparations, que ceux de ce groupe isolé sur le désert du Sud-Atlantique.

La grande île, lorsque l’atmosphère est pure, est visible de quatre-vingt-cinq à quatre-vingt-dix milles. Ces divers renseignements sur Tristan d’Acunha, je les obtins du bosseman. Comme il l’avait visitée à diverses reprises, il pouvait s’exprimer en connaissance de cause.

Tristan d’Acunha gît au sud de la zone des vents réguliers du sud-ouest. Son climat, doux et humide, comporte une température modérée, qui ne s’abaisse pas au-dessous de vingt-cinq degrés Fahrenheit (environ 4 °C. sous zéro) et ne s’élève pas au-dessus de soixante-huit (20 °C. sur zéro). Les vents dominants sont ceux de l’ouest et du nord-ouest, et, pendant l’hiver, — août et septembre, — ceux du sud.

L’île fut habitée, dès 1811, par l’Américain Lambert et plusieurs autres de même origine, équipés pour la pêche des mammifères marins. Après eux, vinrent s’y installer des soldats anglais, chargés de surveiller les mers de Sainte-Hélène, et ils ne partirent que postérieurement à la mort de Napoléon en 1821.

Que, quelque trente ou quarante ans plus tard, Tristan d’Acunha ait compté une centaine d’habitants d’un assez beau type, issus d’Européens, d’Américains et de Hollandais du Cap, que la république y ait été établie avec un patriarche pour chef, — celui des pères de famille qui possédait le plus d’enfants, — qu’enfin le groupe ait fini par reconnaître la suzeraineté de la Grande-Bretagne, il n’en était pas encore là en cette année 1839, pendant laquelle l’Halbrane se préparait à y relâcher.

Au surplus, je devais bientôt constater, par mes observations per-