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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Le docteur était seul dans son cabinet, assis devant sa table. Lorsqu’il se retourna, il me parut aussi soucieux que son fils.

« Il y a quelque chose, pensais-je, et assurément Marc n’en savait rien quand je l’ai vu ce matin. »

Je pris place dans un fauteuil en face du docteur, tandis que le capitaine Haralan restait debout, accoudé à la cheminée, puis j’attendis, non sans anxiété, que le docteur m’adressât la parole.

« Tout d’abord, monsieur Vidal, me dit-il, je vous remercie d’être venu à l’hôtel.

— Je suis tout à vos ordres, monsieur Roderich, répondis-je.

— J’ai désiré causer avec vous en présence d’Haralan.

— S’agit-il du mariage de Marc et de Mlle Myra ?

— En effet.

— Ce que vous avez à me dire est donc bien grave ?

— Oui et non, répondit le docteur. Quoi qu’il en soit, ni ma femme, ni ma fille, ni votre frère ne sont au courant. J’ai préféré leur laisser ignorer ce que je vais vous apprendre. Vous pourrez, d’ailleurs, juger si j’ai eu tort ou raison.

Instinctivement, il se fit un rapprochement dans mon esprit entre cette communication et la rencontre que le capitaine Haralan et moi nous avions faite devant la maison du boulevard Tékéli.

— Hier, dans l’après-midi, reprit le docteur, alors que Mme Roderich et Myra étaient sorties, à l’heure de ma consultation, le domestique m’a annoncé un visiteur que j’eusse souhaité ne pas recevoir. Ce visiteur était Wilhelm Storitz… Mais peut-être ignorez-vous que cet Allemand ?…

— Je suis au courant, répondis-je.

— Vous savez donc qu’il y a près de six mois, bien avant que la demande de votre frère eût été faite et accueillie, Wilhelm Storitz a sollicité la main de ma fille. Après avoir consulté ma femme et mon fils, qui partagèrent mon éloignement