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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

— Hélas ! s’écria le docteur, le danger sera-t-il évité par notre départ ? Wilhelm Storitz ne nous suivra-t-il pas ?

— Non, si nous gardons le secret sur la date du départ et sur le but du voyage.

— Le secret !… » murmura tristement le docteur Roderich.

Comme mon frère, il se demandait si un secret pouvait être gardé vis-à-vis de Wilhelm Storitz, si, en ce moment, celui-ci n’était pas dans ce cabinet, entendant ce que nous disions et préparant quelque nouvelle machination.

Bref, le départ fut décidé. Mme Roderich n’y fit pas d’objection. Il lui tardait que Myra eût été transportée dans un autre milieu.

Marc l’approuva de son côté. Je ne lui parlai pas de notre aventure de l’île Svendor. Cela me parut inutile. Par contre, je la racontai au capitaine Haralan. Lui non plus ne fit aucune objection à notre projet de voyage. Il se contenta de me demander :

« Vous accompagnerez sans doute votre frère ?

— Puis-je faire autrement, et ma présence n’est-elle pas indispensable près de lui, comme la vôtre près de…

— Je ne partirai pas, répondit-il du ton d’un homme dont la résolution est absolument irrévocable.

— Vous ne partirez pas ?…

— Non, je veux, je dois rester à Ragz, puisqu’il est à Ragz, et j’ai le pressentiment que je fais bien d’y rester.

Il n’y avait pas à discuter, et je ne discutai pas.

— Soit, capitaine.

— Je compte sur vous, mon cher Vidal, pour me remplacer auprès de ma famille, qui est déjà la vôtre.

— Comptez sur moi, » répondis-je.

Je m’occupai aussitôt des préparatifs du départ. Dans la journée, je me procurai deux berlines de voyage très confortables. Puis j’allai voir M. Stepark que j’instruisis de nos projets.

« Vous faites bien, me dit-il, et il est regrettable que toute la ville ne puisse en faire autant ! »