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XIII


Les phénomènes auxquels nous avions assisté à la cathédrale de Ragz et ceux dont l’hôtel Roderich avait été le théâtre tendaient au même but. Leur origine était la même. C’est Wilhelm Storitz, lui seul, qui en était l’auteur. Admettre qu’ils fussent dus à quelque tour d’adresse ?… J’étais bien obligé de me répondre négativement. Non, ni le scandale de l’église, ni l’enlèvement de la couronne nuptiale ne pouvaient être attribués à un escamotage. J’en arrivais à supposer sérieusement que cet Allemand tenait de son père quelque secret scientifique, celui d’une découverte ignorée qui lui aurait donné le pouvoir de se rendre invisible… Pourquoi pas, après tout ?… Pourquoi certains rayons lumineux n’auraient-ils pas la propriété de traverser les corps opaques, comme si ces corps étaient translucides ?… Mais où allais-je m’égarer !… Billevesées que tout cela, billevesées dont je me gardai de rien dire à personne.

Nous avions ramené Myra sans qu’elle eût repris connaissance. On la transporta dans sa chambre, on la déposa sur son lit, mais les soins qui lui furent prodigués ne réussirent pas à la ranimer. Elle restait inerte, insensible, malgré les efforts du docteur impuissant. Toutefois, elle respirait, elle vivait. J’en étais à me demander comment elle avait pu survivre à tant d’épreuves, comment cette dernière émotion ne l’avait pas tuée.

Plusieurs des confrères du docteur Roderich étaient accourus à l’hôtel. Ils entouraient le lit de Myra, étendue sans mouvement, les paupières abaissées, la figure d’une pâleur de cire, la poitrine soulevée par les battements irréguliers du cœur, la res-