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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Il était exactement dix heures cinq, quand nos deux carrosses vinrent s’arrêter aux pieds des marches, devant le portail central ouvert à deux battants.

Le docteur Roderich descendit le premier, puis sa fille, qui lui prit le bras. M. Neuman offrit le sien à Mme Roderich. Nous sautâmes aussitôt à terre et nous avançâmes, à la suite de Marc, entre les rangs des spectateurs qui s’échelonnaient le long du parvis.

À ce moment, les grandes orgues résonnèrent à l’intérieur, et c’est aux sons de leurs majestueux accords que le cortège pénétra dans l’église.

Marc et Myra se dirigèrent vers les deux fauteuils placés côte à côte devant le grand autel. Derrière eux, les parents et les témoins trouvèrent les sièges qui leur étaient destinés.

Toutes les chaises et les stalles du chœur étaient déjà occupées par une nombreuse réunion, le Gouverneur de Ragz, les magistrats, les officiers de la garnison, le bailli et les syndics, les principaux fonctionnaires de l’administration, les amis de la famille, les notables de l’industrie et du commerce. Aux dames, en brillantes toilettes, des places spéciales avaient été aussi réservées le long des stalles, et il n’en restait pas une de libre.

Derrière les grilles du chœur, un chef-d’œuvre de la serrurerie du XIIIe siècle, se pressait la foule des curieux. Quant aux personnes qui n’avaient pu s’en approcher, elles s’étaient casées dans la grande nef dont toutes les chaises étaient prises.

Dans les contre-nefs du transept, dans les bas-côtés, était tassé le populaire, qui refluait jusque sur les marchés du parvis.

Si quelques-uns des assistants conservaient à ce moment le souvenir des phénomènes qui avaient troublé la ville, pouvait-il leur venir à la pensée qu’on les verrait se reproduire à la cathédrale ? Non, évidemment, pour peu qu’ils les eussent attribués à une intervention démoniaque, car ce n’était pas dans une église