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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

en valeur, j’arrivai plus tôt qu’il ne fallait, — ce qui me vaudrait un joli sourire de la mariée, — et je m’installai dans le salon.

L’une après l’autre se présentèrent les personnes — disons les personnages, étant donnée la solennité de la circonstance — qui avaient figuré la veille à la cérémonie du Palais. Tous étaient, comme la veille, en costumes de gala. Les deux officiers portaient croix et médailles sur leurs splendides uniformes du régiment des Confins Militaires.

Myra Roderich, — et pourquoi ne dirais-je pas Myra Vidal, puisque les deux fiancés étaient déjà liés en fait par l’ordonnance du Gouverneur — Myra, en toilette blanche, robe de moire à traîne, corsage brodé de fleurs d’oranger, était habillée à ravir. À son côté s’épanouissait le bouquet de mariée, et sur sa chevelure blonde reposait la couronne nuptiale, d’où retombait en longs plis son voile de tulle blanc. Cette couronne, c’était celle que lui avait rapportée mon frère. Elle n’en avait pas voulu d’autre.


En entrant dans le salon avec sa mère, elle vint vers moi et me tendit la main. Je la lui serrai affectueusement, fraternellement. Puis, la joie éclatant dans ses yeux :

« Ah ! frère, s’écria-t-elle, que je suis heureuse ! »

Ainsi, des vilains jours passés, des tristes épreuves auxquelles avait été soumise cette honnête famille, il ne restait aucune trace. Il n’était pas jusqu’au capitaine Haralan qui ne parût avoir tout oublié. La preuve en est qu’il me dit en me serrant la main.

« Non… N’y pensons plus ! »

Voici quel était le programme de cette journée, programme qui avait reçu l’approbation générale. À dix heures moins le quart, départ pour la cathédrale, où le Gouverneur de Ragz, les autorités et les notabilités de la ville se trouveraient à l’arrivée des jeunes époux. Présentations et compliments, après la messe de mariage, à la signature des actes dans la sacristie de Saint-Michel. Retour pour le déjeuner qui devait réunir une cinquan-