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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.
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le reverrons jamais, entends-tu bien ! Si cela ne suffit pas à te tranquilliser !…

— Que veux-tu, Henri, j’ai clés pressentiments… Il me semble…

— C’est insensé, mon pauvre Marc ! Tiens ! crois-moi ; retourne près de Myra. Cela te fera voir la vie plus en rose.

— Oui, tu as raison Je ne devrais jamais là quitter, pas un instant ! »

Pauvre frère ! Il me faisait mal à voir, mal à entendre. Ses craintes s’accroissaient à mesure que s’approchait le jour de son mariage. Et, moi-même, pour être franc, j’attendais ce jour avec une involontaire angoisse.

D’autre part, si je pouvais compter sur Myra, sur son influence pour calmer mon frère, je ne savais plus quel moyen employer à l’égard du capitaine Haralan.

Le jour où il avait appris que Wilhelm Storitz était à Spremberg, ce n’était pas sans peine que j’étais parvenu à empêcher son départ. Il n’y a guère que deux cents lieues tout au plus entre Spremberg et Ragz. En quatre jours cette distance peut être franchie. Enfin, nous l’avions retenu, mais, malgré les raisons que son père et moi nous faisions valoir, en dépit de l’évidente utilité de laisser cette affaire tomber dans l’oubli, il y revenait sans cesse, et je craignais toujours qu’il ne nous échappât.

Un. matin, il vint me trouver, et, dès le début de la conversation, je compris qu’il avait résolu de partir.

« Vous ne ferez pas cela, mon cher Haralan, déclarai-je, vous ne le ferez pas… Une rencontre entre ce Prussien et vous est impossible. Je vous supplie de ne pas quitter Ragz.

— Mon cher Vidal, me répondit le capitaine d’un ton qui indiquait une résolution farouche, il faut que ce misérable soit puni.

— Et il le sera tôt ou tard, n’en doutez pas ! m’écriai-je. Mais la seule main qui doive s’abattre sur lui, c’est la main de la police.