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XI


La date du mariage approchait. Bientôt, le soleil du 1er juin, date définitivement choisie, se lèverait sur l’horizon de Ragz.

Je constatais, non sans une vive satisfaction, que Myra, si impressionnable qu’elle fut, semblait n’avoir pas gardé souvenir de ces inexplicables incidents. Il est vrai que le nom de Wilhelm Storitz n’avait jamais été prononcé ni devant elle, ni devant sa mère.

J’étais son confident. Elle me parlait de ses projets d’avenir, sans trop savoir s’ils se réaliseraient. Marc et elle iraient-ils s’installer en France ? Oui, mais pas immédiatement. Se séparer de son père et de sa mère serait pour elle un trop gros chagrin.

« Mais, disait-elle, il n’est question maintenant que d’aller pour quelques semaines à Paris, où vous nous accompagnerez, n’est-ce pas ?

— Certes !… À moins que vous ne vouliez pas de moi, cependant.

— C’est que, deux nouveaux époux, c’est une assez maussade compagnie en voyage.

— Je tâcherai de m’y faire, » répondis-je d’un ton résigné.

Le docteur approuvait ce départ. Quitter Ragz un mois ou deux, cela valait mieux à tous égards. Sans doute Mme Roderich serait très affectée de l’absence de sa fille, mais elle aurait le bon sens de s’y résigner.

De son côté, pendant les heures qu’il passait près de Myra, Marc oubliait, ou plutôt il s’efforçait d’oublier. Par contre, lorsqu’il se retrouvait seul avec moi, il lui revenait des craintes que j’essayais vainement de dissiper.