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IX


La direction prise par M. Stepark le faisait passer par le nord de la ville, tandis que ses agents, deux à deux, traversaient les quartiers du centre. Le capitaine Haralan et moi, après avoir atteint l’extrémité de la rue Étienne Ier, nous suivîmes le quai le long du Danube.

Le temps était couvert. Les nuages grisâtres et boursouflés chassaient rapidement de l’Est. Sous la fraîche brise, les embarcations donnaient une forte bande en sillonnant les eaux jaunâtres du fleuve. Des couples de cigognes et de grues, faisant tête au vent, jetaient des cris aigus. Il ne pleuvait pas, mais les hautes vapeurs menaçaient de se résoudre en averses torrentielles.

Excepté dans le quartier commerçant, rempli à cette heure de la foule des citadins et des paysans, les passants étaient rares. Cependant, si le chef de la police et ses agents fussent venus avec nous, cela aurait pu attirer l’attention, et mieux valait s’être séparés en quittant la Maison de Ville.

Le capitaine Haralan continuait à garder le silence. Je craignais toujours qu’il ne fût pas maître de lui et qu’il ne se livrât à quelque acte de violence s’il rencontrait Wilhelm Storitz. Aussi regrettais-je presque que M. Stepark nous eût permis de l’accompagner.

— Un quart d’heure nous suffit pour atteindre, au bout du quai Batthyani, l’angle occupé par l’hôtel Roderich. Aucune des fenêtres du rez-de-chaussée n’était encore ouverte, pas plus que