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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Le capitaine Haralan me saisit le bras et m’entraîna près de la porte du jardin.

Il n’y avait alors dans la galerie qu’une dizaine de personnes, sans compter l’orchestre installé au fond derrière les pupitres. Les autres invités étaient groupés dans les salons et dans la salle. Ceux qui s’étaient promenés au dehors, pendant l’entr’acte, venaient de rentrer.

Le capitaine Haralan alla se placer sur le perron. Je le suivis, et nos regards purent parcourir le jardin éclairé dans toute son étendue…

Nous ne découvrîmes personne.

M. et Mme Roderich nous rejoignirent en ce moment, et le docteur dit à son fils quelques mots auxquels celui-ci répondit par un geste négatif.

Cependant, la voix continuait à se faire entendre, plus accentuée, plus impérieuse, en se rapprochant toujours…

Marc, ayant Myra à son bras, vint près de nous dans la galerie, tandis que Mme Roderich restait au milieu des autres dames, qui l’interrogeaient, et auxquelles elle ne pouvait répondre.

— Je saurai bien !… » s’écria le capitaine Haralan, en descendant le perron.

Le docteur Roderich, plusieurs domestiques et moi, nous le suivîmes.

Soudain, alors que le chanteur semblait ne plus être qu’à quelques pas de la galerie, la voix se tut.

Le jardin fut visité, ses massifs furent fouillés. Les illuminations n’y laissant pas un coin dans l’ombre, la recherche put être faite minutieusement… Et, pourtant, on ne trouva personne…

Était-il possible que cette voix fût celle d’un passant attardé suivant le boulevard Tékéli ?

Cela paraissait peu vraisemblable, et d’ailleurs on put constater que le boulevard était absolument désert à cette heure.