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LE PILOTE DU DANUBE.

ticale, ce qui est préférable, de l’avis de tous les professionnels. Au-dessus d’eux, surnageait la flotte, faite d’une plume de cygne, qui, n’absorbant pas l’eau, est, par cela même, excellente.

Il va de soi qu’un profond silence régna dans l’embarcation à partir de ce moment. Le bruit des voix effarouche trop facilement le poisson, et d’ailleurs un pêcheur sérieux a autre chose à faire qu’à s’oublier en bavardages. Il doit être attentif à tous les mouvements de sa flotte, et ne pas laisser échapper l’instant précis où il convient de ferrer la proie.

Pendant cette matinée, Ilia Brusch eut lieu d’être satisfait. Non seulement il prit une vingtaine de gardons, mais encore douze chevesnes et quelques dards. Si M. Jaeger avait en réalité les goûts du passionné amateur qu’il s’était vanté d’être, il ne pouvait qu’admirer la précision rapide avec laquelle son hôte ferrait, ainsi que cela est nécessaire pour les poissons de cette espèce. Dès qu’il sentait que « cela mordait », il se gardait bien de ramener aussitôt ses captures à la surface de l’eau, il les laissait se débattre dans les fonds, se fatiguer en vains efforts pour se décrocher, montrant ce sang-froid imperturbable qui est l’une des qualités de tout pêcheur digne de ce nom.

La pêche fut terminée vers onze heures. Pendant la belle saison, le poisson ne mord pas, en effet, aux heures où le soleil, par-