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LE PASSAGER D’ILIA BRUSCH.

— Et je n’ai rien à craindre de personne. Je suis bien connu, du reste. C’est moi qui suis le lauréat du dernier concours de pêche de la Ligue Danubienne à Sigmaringen, dont toute la presse a parlé, et, ici même, j’aurai sûrement des répondants.

— On les cherchera, soyez tranquille, assura le gendarme. En attendant, je suis obligé de vous prier de me suivre chez le commissaire, qui s’assurera de votre identité.

— Chez le commissaire ! se récria Ilia Brusch. De quoi m’accuse-t-on ?

— De rien du tout, expliqua le gendarme. Seulement, j’ai une consigne, moi. Cette consigne est de surveiller le fleuve et d’amener chez le commissaire tous ceux que je trouverai non munis de papiers en règle. Êtes-vous sur le fleuve ? Oui. Avez-vous des papiers ? Non. Donc, je vous emmène. Le reste ne me regarde pas.

— Mais c’est une indignité ! protesta Ilia Brusch, qui semblait au désespoir.

— C’est comme ça, déclara le gendarme avec flegme.

L’aspirant passager, dont le plaidoyer avait été si brusquement interrompu, accordait à ce dialogue une attention telle qu’il en avait laissé éteindre sa pipe. Il jugea le moment venu d’intervenir.

— Si je répondais, moi, de M. Ilia Brusch, dit-il, cela ne suffirait-il pas ?

— Ça dépend, prononça le gendarme. Qui êtes-vous, vous ?