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LA MAISON VIDE.

— C’est curieux, murmura-t-il, à demi vaincu. C’est bien la première fois que nous mêlons un étranger à nos affaires.

— Il faut un commencement à tout, répliqua Karl Dragoch. Je ne serai plus un étranger quand j’aurai été admis dans la bande.

— Quelle bande ?

— Inutile de finasser, camarade. Puisque je vous dis que c’est convenu.

— Qu’est-ce qui est convenu ?

— Que je serai des vôtres.

— Convenu avec qui ?

— Avec Ladko.

— Taisez-vous donc, interrompit rudement Titcha. Je vous ai déjà prévenu qu’il fallait garder ce nom-là pour vous.

— Dans la rue, objecta Dragoch. Mais ici ?

— Ici comme ailleurs, dans toute la ville, s’entend.

— Pourquoi ? demanda Dragoch suivant la veine.

Mais Titcha conservait un reste de méfiance.

— Si on vous le demande, répondit-il prudemment, vous direz que vous l’ignorez, camarade. Vous savez beaucoup de choses, mais vous ne savez pas tout, je le vois, et ce n’est pas à un vieux renard comme moi que vous tirerez les vers du nez.

Titcha se trompait, il n’était pas de force à lutter avec un jouteur comme Dragoch, et le vieux renard avait trouvé son maître.