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PRÈS DU BUT.

pêcheur alors fermée depuis plus d’un mois, ils n’osèrent cependant rien affirmer. Ces renseignements, tout vagues et hésitants qu’ils fussent, augmentèrent naturellement les perplexités du policier.

Restait un troisième point à élucider. Quel était le personnage à qui le commissaire de Gran avait parlé au domicile indiqué par le prévenu ? À cet égard, Dragoch ne put recueillir aucune indication. Ilia Brusch étant assez connu à Szalka, il fallait nécessairement, s’il y était venu, qu’il fût arrivé et reparti pendant la nuit, puisque personne ne l’avait aperçu. Un tel mystère, déjà suspect par lui-même, le devint bien davantage, quand Karl Dragoch eut mis la main sur le tenancier d’une petite auberge, auquel, dans la soirée du 12 septembre, trente-six heures avant la visite du commissaire de police de Gran, un inconnu avait demandé l’adresse d’Ilia Brusch. Le problème se compliquait. Il se compliqua encore, quand cet aubergiste, pressé de questions, eut donné de l’inconnu un signalement correspondant traits pour traits à celui que, d’après la rumeur publique, il convenait d’attribuer au chef de la bande du Danube.

Tout ceci rendit Karl Dragoch rêveur. Il flaira des choses louches. Il eut le sentiment instinctif d’être en présence de quelque machination ténébreuse dont le but lui demeurait inconnu, mais dont il n’était pas impossible que le prévenu fût la victime.