Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.

285
PRÈS DU BUT.

XV

PRÈS DU BUT.

Le 10 octobre, l’aube se leva pour la neuvième fois, depuis que la barge avait recommencé à descendre le Danube. Pendant les huit jours précédents, près de sept cents kilomètres avaient été laissés en arrière. On approchait de Roustchouk, où l’on arriverait avant le soir.

À bord, rien ne semblait changé. La barge transportait, comme autrefois, les deux mêmes compagnons : Serge Ladko et Karl Dragoch, redevenus, l’un le pêcheur Ilia Brusch, l’autre, le débonnaire M. Jaeger.

Toutefois, la manière dont le premier jouait maintenant son rôle rendait plus difficile à soutenir celui du second. Hypnotisé par le désir de se rapprocher de Roustchouk, manœuvrant l’aviron jour et nuit, Serge Ladko négligeait, en effet, les précautions les plus élémentaires. Non seulement il s’était débarrassé de ses lunettes, mais encore, supprimant rasoir et teinture, il permettait aux changements survenus dans sa personne pendant la durée de sa détention de s’accuser avec une netteté croissante. Ses cheveux noirs pâlissaient de jour en jour, et sa barbe blonde commençait à atteindre une longueur respectable.