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ENTRE CIEL ET TERRE.

Passerelle fragile à coup sûr ! N’allait-elle pas se rompre ou se détacher de la pierre qui la retenait ? Dans le premier cas, ce serait une épouvantable chute de dix mètres de hauteur ; dans le second, ramené contre le mur de la prison à la manière d’un balancier, son fardeau humain viendrait s’y écraser.

Pas un instant, Serge Ladko n’hésita devant la possibilité de ce danger. Sa corde fortement tendue, il en réunit de nouveau les deux extrémités, puis, prêt à s’élancer, il prêta l’oreille aux pas du soldat de garde.

Celui-ci était précisément juste en dessous du fugitif. Il s’éloignait. Bientôt, il tourna le coin du bâtiment et le bruit de ses pas s’éteignit. Il fallait, sans perdre une seconde, profiter de son absence.

Serge Ladko s’avança sur le chemin aérien. Suspendu entre ciel et terre, il avançait d’un mouvement égal et souple, sans s’inquiéter du fléchissement de la corde, dont la courbure s’accentuait à mesure qu’il approchait du milieu du parcours. Il voulait passer. Il passerait.

Il passa. En moins d’une minute, le vertigineux abîme franchi, il atteignait la crête de la muraille.

Sans y prendre de repos, il se hâta de plus en plus, enfiévré par la certitude du succès. Dix minutes à peine s’étaient écoulées depuis qu’il avait quitté sa cellule, mais ces dix minutes lui semblaient avoir duré