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UNE COMMISSION ROGATOIRE.

Il s’aida d’une jumelle, qu’il écarta de ses yeux après un rapide examen.

— Le diable m’emporte, Titcha, s’écria-t-il, si ce n’est pas l’embarcation de notre particulier !

— Tu crois ?… fit Titcha en s’emparant de la jumelle.

— Il faut que j’en aie le cœur net, déclara Striga qui paraissait en proie à une vive agitation. Je vais à terre.

— Pour te faire pincer. C’est malin !… Si cette embarcation est celle de Dragoch, c’est que Dragoch est à Semlin. C’est se jeter dans la gueule du loup.

— Tu as raison, approuva Striga, qui disparut dans le rouf. Mais nous allons prendre nos précautions. »

Un quart d’heure plus tard, il revenait « camouflé » de main de maître, si l’on veut bien nous permettre cette expression empruntée à l’argot commun aux malfaiteurs et aux gens de police. Sa barbe coupée et remplacée par des favoris postiches, ses cheveux dissimulés sous une perruque, un large bandeau recouvrant l’un de ses yeux, il s’appuyait péniblement sur une canne, comme un homme qui sortirait à peine d’une grave maladie.

« Et maintenant ?… demanda-t-il, non sans quelque vanité.

— Merveilleux ! admira Titcha.

— Écoute, reprit Striga. Tandis que je serai à Semlin, vous continuerez votre route. Deux ou trois lieues au delà de Bel-