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LE PILOTE DU DANUBE.

Une grave difficulté, plus qu’une difficulté, une impossibilité matérielle l’arrêta à la première tentative. Assez large pour un adolescent souple et svelte, la fenêtre était trop étroite pour livrer passage à un homme dans la force de l’âge et doué d’une aussi respectable carrure que Serge Ladko. Celui-ci, après s’être épuisé en vain, dut reconnaître que l’obstacle était infranchissable et se laissa retomber tout haletant dans sa prison.

Était-il donc condamné à n’en plus sortir ? Un long moment, il contempla le carré de nuit dessiné par l’implacable fenêtre, puis, décidé à de nouveaux efforts, il se dépouilla de ses vêtements et, d’un élan furieux, se lança dans l’ouverture béante, résolu à la franchir coûte que coûte.

Son sang coula, ses os craquèrent, mais une épaule d’abord, un bras ensuite passèrent, et le montant de la fenêtre vint buter contre sa hanche gauche. Malheureusement l’épaule droite avait buté, elle aussi, de telle sorte que tout effort supplémentaire serait évidemment inutile.

Une partie du corps à l’air libre et surplombant le courant, l’autre partie demeurée prisonnière, ses côtes écrasées par la pression, Serge Ladko ne tarda pas à trouver la position intenable. Puisque s’enfuir ainsi était impraticable, il fallait aviser à d’autres moyens. Peut-être, pourrait-il arracher l’un des montants de la