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AU POUVOIR D’UN ENNEMI.

son voyage, c’est-à-dire à la mer Noire, où son chargement serait transporté à bord du vapeur accoutumé. Demain, on serait au delà de Semlin et de Belgrade. Il suffirait ensuite de longer de préférence la rive serbe pour se mettre à l’abri de toute fâcheuse surprise. La Serbie devait être, en effet, plus ou moins désorganisée par la guerre qu’elle soutenait contre la Turquie, et il n’y avait pas apparence que les autorités riveraines perdissent leur temps à s’occuper d’une gabarre descendant à vide le cours du fleuve.

Qui sait ? Ce serait peut-être le dernier voyage de Striga. Peut-être se retirerait-il au loin, après fortune faite, riche, considéré — et heureux, songeait-il, en pensant à la prisonnière enfermée dans la gabarre.

Il en était là de ses réflexions quand ses yeux tombèrent sur les coffres symétriques dont les couvercles avaient si longtemps servi de couchettes à Karl Dragoch et à son hôte, et tout à coup cette pensée lui vint que, depuis huit jours qu’il était maître de la barge, il n’avait pas songé à en explorer le contenu. Il était grand temps de réparer cet inconcevable oubli.

En premier lieu, il s’attaqua au coffre de tribord qu’il fractura en un tour de main. Il n’y trouva que des piles de linge et de vêtements rangés en bon ordre. Striga, qui n’avait que faire de cette défroque, referma le coffre et s’attaqua au suivant.

Le contenu de celui-ci n’était pas fort