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LE PILOTE DU DANUBE.

de détail, ainsi que l’existence d’un comptoir le lui démontra. Prendre dans le tiroir de ce comptoir la recette de la journée, cela ne demanda qu’un instant. Puis, non content de cette modeste rapine, il eut tôt fait de découvrir dans le corps inférieur d’un bahut, dont l’effraction ne fut qu’un jeu pour lui, un sac rondelet, qui rendit au toucher un son métallique de bon augure.

Ainsi nanti, Striga s’empressa de regagner son chaland, qui, l’aube venue, était déjà loin.

Telle fut la seule aventure du voyage.

À bord, Striga avait d’autres occupations. De temps à autre, il disparaissait dans le rouf, et s’introduisait dans une cabine située en face de celle où l’on avait déposé Serge Ladko. Parfois, sa visite ne durait que quelques minutes, parfois elle se prolongeait davantage. Il n’était pas rare, dans ce dernier cas, qu’on entendît jusque sur le pont l’écho d’une violente discussion, où l’on discernait une voix de femme répondant avec calme à un homme en fureur. Le résultat était alors toujours le même : indifférence générale de l’équipage et sortie furibonde de Striga, qui s’empressait de quitter le bord pour calmer ses nerfs irrités.

C’est principalement sur la rive droite qu’il poursuivait ses investigations. Rares, en effet, sont les bourgs et les villages de la rive gauche au delà de laquelle s’étend à perte de vue l’immense puzsta.

Cette puzsta, c’est la plaine hongroise