Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

15
AU CONCOURS DE SIGMARINGEN.

cès, s’il eût appartenu au plus digne, eût été remporté par quelque membre plus ancien de la Ligue Danubienne, si riche en valeureux pêcheurs, et que je le dois, plutôt qu’à mon mérite, à un hasard favorable.

La modestie de ce début fut vivement appréciée de l’assistance, d’où plusieurs très bien ! s’élevèrent en sourdine.

— Ce hasard favorable, il me reste à le justifier, et j’ai conçu dans ce but un projet que je crois de nature à intéresser cette réunion d’illustres pêcheurs.

« La mode, vous ne l’ignorez pas, mes chers collègues, est aux records. Pourquoi n’imiterions-nous pas les champions d’autres sports, inférieurs au nôtre à coup sûr, et ne tenterions-nous pas d’établir le record de la pêche ?

Des exclamations étouffées coururent dans l’auditoire. On entendit des ah ! ah !, des tiens ! tiens !, des pourquoi pas ?, chaque sociétaire traduisant son impression selon son tempérament particulier.

— Quand cette idée, poursuivait cependant l’orateur, m’est venue pour la première fois à l’esprit, je l’ai adoptée sur-le-champ, et sur-le-champ j’ai compris dans quelles conditions elle devait être réalisée. Mon titre d’associé de la Ligue Danubienne limitait, d’ailleurs, le problème. Ligueur du Danube, c’est au Danube seul qu’il me fallait demander l’heureuse issue de mon entreprise. J’ai donc formé le projet de descendre notre glorieux fleuve, de sa source