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LE PILOTE DU DANUBE.

à coup. Tandis que la barge courait sur son erre, une voix rude se fit entendre.

« Prends la gaffe », commanda l’un des invisibles assaillants.

Presque aussitôt, il y eut un choc, que suivit un grincement tel qu’en aurait pu produire le bordage éraflant un corps dur, puis Serge Ladko fut soulevé et hissé de mains en mains.

Évidemment la barge avait accosté un autre bateau de dimensions plus considérables, à bord duquel le prisonnier était embarqué à la façon d’un colis. Celui-ci tendait vainement l’oreille afin de saisir au passage quelques paroles. Pas un mot n’était prononcé. Les geôliers ne se révélaient que par le contact de leurs mains brutales et par le souffle de leurs poitrines haletantes.

Ballotté, tiraillé en tous sens, Serge Ladko, d’ailleurs, n’eut pas le loisir de la réflexion. Après l’avoir monté, on le descendit le long d’une échelle qui lui laboura cruellement les reins. Aux heurts dont il était meurtri, il comprit qu’on le faisait passer par une ouverture étroite, et enfin, bandeau et bâillon arrachés, il fût jeté bas comme un paquet, tandis que le bruit sourd d’une trappe qui se ferme résonnait au-dessus de lui.

Il fallut un long moment, à Serge Ladko, tout étourdi de la secousse, pour reprendre conscience de lui-même. Quand il y fut parvenu, sa situation ne lui parut pas améliorée, bien qu’il eût retrouvé l’usage de la