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LES DEUX ÉCHECS DE DRAGOCH.

plètement désert, quand, sur la gauche de la route, le hennissement d’un cheval retentit. Retenant ses hommes du geste, Karl Dragoch s’avança jusqu’à la lisière d’un petit bois qu’on distinguait confusément dans l’ombre.

« Qui est là ?… » héla-t-il d’une voix forte.

Nulle réponse n’étant faite à sa question, un des agents, sur son ordre, alluma une torche de résine. Sa flamme fuligineuse brilla d’un vif éclat dans cette nuit sans lune, mais sa lumière mourait à quelques pas, impuissante à percer l’obscurité rendue plus épaisse encore par le feuillage des arbres.

« En avant ! » commanda Dragoch, en pénétrant dans le fourré à la tête de l’escouade.

Mais le fourré avait des défenseurs. À peine en avait-on dépassé la lisière, qu’une voix impérieuse prononça :

« Un pas de plus, et nous faisons feu ! »

Cette menace n’était pas pour arrêter Karl Dragoch, d’autant plus qu’à la vague lueur de la torche, il lui avait semblé apercevoir une masse immobile, celle d’une charrette sans doute, autour de laquelle se groupaient une troupe d’hommes, dont il n’avait pu reconnaître le nombre.

« En avant ! » commanda-t-il de nouveau.

Obéissant à cet ordre, l’escouade de police continua sa marche fort incertaine dans ce bois inconnu. La difficulté ne tarda pas à s’aggraver. Tout à coup, la torche fut