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LE PILOTE DU DANUBE.

furent de nouveau seuls dans la grande salle, d’où le dernier consommateur venait de s’éloigner. L’un d’eux interpella aussitôt l’aubergiste fort activé à rincer des verres sur son comptoir. Celui-ci s’empressa d’accourir.

« Que désirent ces messieurs ? demanda-t-il.

— Dîner, répondit un charretier.

— Et coucher ensuite, sans doute ? interrogea l’aubergiste.

— Non, mon maître, répliqua celui des deux rouliers qui paraissait le plus sociable. Nous comptons repartir à la nuit…

— À la nuit !… s’étonna l’aubergiste.

— Afin, continua son client, d’être dès l’aube sur la place du marché.

— De Saint-André ?

— Ou de Gran. Cela dépendra des circonstances. Nous attendons ici un ami qui est allé aux informations. Il nous dira où nous avons le plus de chances de nous défaire avantageusement de nos marchandises. »

L’aubergiste quitta la salle pour s’occuper des apprêts du repas.

« Tu as entendu, Kaiserlick ? dit à voix basse le plus jeune des deux rouliers en se penchant vers son compagnon.

— Oui.

— Le coup est découvert.

— Tu n’espérais pas, je suppose, qu’il demeurerait caché ?

— Et la police bat la campagne.