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LE PILOTE DU DANUBE.

Friedrick Ulhmann dès qu’il aperçut son chef. J’ai vu votre compagnon s’éloigner tout à l’heure et je vous savais seul.

— Qu’y a-t-il ? demanda Karl Dragoch.

— Du nouveau, Monsieur. Un crime a été commis cette nuit.

— Cette nuit ! s’écria Karl Dragoch en pensant aussitôt à l’absence d’Ilia Brusch au cours de la nuit précédente.

— Une villa a été pillée à proximité d’ici. Le gardien a été frappé.

— Mort ?

— Non, mais grièvement blessé.

— C’est bon, dit Karl Dragoch en imposant de la main silence à son subordonné.

Il réfléchissait profondément. Que convenait-il de faire ? Agir certes, et pour cela la force ne lui manquerait pas. La nouvelle qu’il venait d’apprendre était le meilleur des remèdes. Il ne lui restait plus de traces de l’accident dont il venait d’être victime. Il n’avait plus besoin maintenant de chercher un appui sur la cloison de la cabine. Sous le coup de fouet des nerfs, le sang revenait à flots à son visage.

Oui, il fallait agir, mais comment ? Devait-il attendre le retour d’Ilia Brusch, ou plutôt de Ladko, puisque tel était le véritable nom de son compagnon de route, et lui mettre à l’improviste la main sur l’épaule au nom de la loi ? Cela paraissait le plus sage, puisque désormais il ne pouvait subsister aucun doute sur la culpabilité du soi-disant pêcheur. Le soin avec lequel il