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LE PILOTE DU DANUBE.

le linge qui pouvaient exciter ainsi la curiosité de l’indiscret passager, mais, entre ces divers objets d’habillement, l’œil fureteur du détective venait de découvrir un objet plus digne de retenir son attention.

Ce n’était pas autre chose qu’un portefeuille à demi entr’ouvert, et laissant fuir les nombreux papiers dont il était bourré. Un portefeuille ! Des papiers ! C’est-à-dire une réponse, sans doute, aux questions que Karl Dragoch se posait depuis quelques jours.

Le détective n’y put tenir. Après une courte hésitation, au risque de trahir, ce faisant, les lois de l’hospitalité, sa main s’allongea et plongea dans le coffre, d’où elle ressortit avec le portefeuille tentateur et son contenu, dont l’inventaire fut aussitôt commencé.

Des lettres, d’abord, que Karl Dragoch ne s’attarda pas à lire, mais que leur suscription montrait adressées à M. Ilia Brusch à Szalka ; puis des reçus, parmi lesquels des quittances de loyer libellées au même nom. Rien d’intéressant dans tout cela.

Karl Dragoch allait peut-être y renoncer, quand un dernier document le fit tressaillir. Rien ne pouvait être plus innocent cependant, et il fallait être un policier pour éprouver, devant un tel « document », un autre sentiment qu’une sympathique émotion.

C’était un portrait, le portrait d’une jeune femme dont la parfaite beauté eût