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UN PORTRAIT DE FEMME.

connais le pays, puisque voilà le confluent de l’Ipoly. À moins de quinze cents mètres, il y a un village, où je trouverai tout ce qu’il faut. Dans une demi-heure, je serai de retour. »

Cela dit, Ilia Brusch s’éloigna, sans attendre la réponse.

Quand il fut seul, Karl Dragoch se laissa retomber sur sa couchette. Il était plus brisé qu’il ne lui plaisait de le dire, et, pendant un instant, il ferma les yeux avec lassitude.

Mais la vie reprenait rapidement son cours ; le sang battait dans ses artères. Bientôt il rouvrit les yeux et laissa errer autour de lui un regard plus ferme de minute en minute.

La première chose qui sollicita ce regard encore vague, ce fut l’un des coffres, qu’Ilia Brusch, dans la précipitation de son départ, avait oublié de refermer. Bouleversé par la recherche infructueuse du pêcheur, l’intérieur de ce coffre n’offrait à la vue qu’un amas d’objets hétéroclites. Linge rude, grossiers vêtements, fortes chaussures y étaient entassés dans le plus grand désordre.

Pourquoi les yeux de Karl Dragoch se mirent-ils à briller tout à coup ? Ce spectacle, pourtant peu passionnant, l’intéressait-il donc à ce point qu’il se soulevât sur le coude, après quelques secondes d’attention, de manière à voir plus commodément dans le coffre béant ?

Certes, ce n’étaient ni les vêtements, ni