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LE PILOTE DU DANUBE.

— Il n’y a vraiment pas de quoi, répliqua gaiement le pêcheur. C’est à moi de vous remercier, monsieur Jaeger, puisque vous m’avez donné l’occasion d’un excellent bain.

Les forces de Karl Dragoch revenaient à vue d’œil. Un bon coup d’eau-de-vie, et il n’y paraîtrait plus. Malheureusement, Ilia Brusch, plus ému qu’il ne voulait le paraître, bouleversa en vain tous ses coffres. La provision d’alcool était épuisée, et il n’en restait pas une goutte à bord de la barge.

— Voilà qui est vexant ! s’écria Ilia Brusch. Pas une goutte de schnaps dans notre cambuse !

— Peu importe, monsieur Brusch, affirma Karl Dragoch, d’une voix faible. Je m’en passerai fort bien, je vous assure.

Karl Dragoch grelottait, cependant, en dépit de ses assurances, et un cordial ne lui eût certes pas été inutile.

— C’est ce qui vous trompe, répondit Ilia Brusch, qui ne s’illusionnait pas sur l’état de son passager, vous ne vous en passerez pas, monsieur Jaeger. Laissez-moi faire. Ce ne sera pas long.

En un tour de mains, le pêcheur eut échangé ses vêtements trempés contre des vêtements secs, puis quelques coups de godille amenèrent la barge à la rive gauche où elle fut amarrée solidement.

— Un peu de patience, monsieur Jaeger, dit Ilia Brusch en sautant à terre. Ici, je