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UN PORTRAIT DE FEMME.

qui, pendant ce temps, s’était éloignée d’une trentaine de mètres. Il s’en rapprocha en quelques brasses, qui semblaient être un jeu pour le robuste nageur, et, d’une main, il en saisit le bord, tandis que son autre main soutenait le passager toujours privé de sentiment.

Restait maintenant à hisser M. Jaeger à bord de l’embarcation, et ce n’était pas besogne aisée. Ilia Brusch, au prix de mille efforts, réussit toutefois à la mener à bonne fin.

Dès qu’il eut déposé le noyé sur une des couchettes du tôt, il le dépouilla de ses vêtements, et, ayant retiré de l’un des coffres quelques morceaux de laine, se mit en devoir de le frictionner énergiquement.

M. Jaeger ne tarda pas à ouvrir les yeux et à revenir au sentiment du réel. L’immersion n’avait pas été longue, en somme, et il était à espérer qu’elle n’aurait pas de suites fâcheuses.

« Eh ! Eh ! monsieur Jaeger, s’écria Ilia Brusch, dès qu’il vit son malade reprendre connaissance, vous vous y entendez pour les plongeons !

M. Jaeger sourit faiblement sans répondre.

— Ça ne sera rien, poursuivait Ilia Brusch, en continuant ses énergiques frictions. Rien de meilleur pour la santé qu’un bain au mois d’août !

— Merci, monsieur Brusch, balbutia Karl Dragoch.