sieur Brusch, approuva M. Jaeger, mais les impressions ne se commandent pas. Au surplus, mes craintes ne sont pas tout à fait déraisonnables dans le cas présent, puisque nous traversons une région particulièrement mal famée.
— Mal famée !… se récria Ilia Brusch. Où prenez-vous ça, monsieur Jaeger ?… J’habite par ici, moi qui vous parle, et je n’ai jamais entendu dire que le pays fût mal famé !
Ce fut au tour de M. Jaeger de manifester une vive surprise.
— Parlez-vous sérieusement, monsieur Brusch ? s’écria-t-il. Vous seriez le seul, alors, à ignorer ce que tout le monde sait de la Bavière à la Roumanie.
— Quoi donc ? demanda Ilia Brusch.
— Parbleu ! qu’une bande d’insaisissables malfaiteurs met en coupe réglée les deux rives du Danube, de Presbourg à son embouchure.
— C’est la première fois que j’entends parler de ça, déclara Ilia Brusch avec l’accent de la sincérité.
— Pas possible !… s’étonna M. Jaeger. Mais on ne s’occupe pas d’autre chose d’un bout à l’autre du fleuve.
— On apprend du nouveau tous les jours, fit observer placidement Ilia Brusch. Et il y a longtemps que ces vols auraient commencé ?
— Dix-huit mois environ, répondit M. Jaeger. Si encore il ne s’agissait que de vols !…