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LE PILOTE DU DANUBE.

pas pour votre plaisir, je suppose, que vous portez ces lunettes noires ?

— Ah ! fit Ilia Brusch, mes lunettes !… J’ai la vue faible, et la lumière me fait mal, voilà tout. »

La vue faible ?… Avec des yeux pareils !…

Son explication donnée, Ilia Brusch acheva d’amarrer sa barge. Son passager le regardait faire d’un air songeur.


VII

CHASSEURS ET GIBIERS.

Quelques promeneurs animaient, en cette après-midi d’août, la rive du Danube, qui forme, au Nord-Est, l’extrême limite de la promenade du Prater. Ces promeneurs guettaient-ils Ilia Brusch ? Probablement, celui-ci ayant eu soin de faire préciser à l’avance par les journaux le lieu et presque l’heure de son arrivée. Mais comment les curieux, disséminés sur un aussi vaste espace, découvriraient-ils la barge que rien ne signalait à leur attention ?

Ilia Brusch avait prévu cette difficulté. Dès que son embarcation fut amarrée, il s’empressa de dresser un mât portant une longue banderolle sur laquelle on pouvait lire : Ilia Brusch, Lauréat du concours de Sigmaringen ; puis, sur le toit du rouf, il fit, des poissons capturés pendant la matinée, une