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un drame dans les airs.

— Grâce ! fis-je.

— Coupons ces cordes ! Que cette nacelle soit abandonnée dans l’espace ! La force attractive changera de direction, et nous aborderons au soleil ! »

Le désespoir me galvanisa. Je me précipitai sur le fou, nous nous prîmes corps à corps, et une lutte effroyable se passa ! Mais je fus terrassé, et tandis qu’il me maintenait sous son genou, le fou coupait les cordes de la nacelle.

« Une !… fit-il.

— Mon Dieu !…

— Deux !… trois !… »

Je fis un effort surhumain, je me redressai et repoussai violemment l’insensé !

« Quatre ! » dit-il.

La nacelle tomba, mais, instinctivement, je me cramponnai aux cordages et je me hissai dans les mailles du filet.

Le fou avait disparu dans l’espace !

Le ballon fût enlevé à une hauteur incommensurable ! Un horrible craquement se fit entendre !… Le gaz, trop dilaté, avait crevé l’enveloppe ! Je fermai les yeux…

Quelques instants après, une chaleur humide me ranima. J’étais au milieu de nuages en feu. Le ballon tournoyait avec un vertige effrayant. Pris par le vent, il faisait cent lieues à l’heure dans sa course horizontale, et les éclairs se croisaient autour de lui.

Cependant, ma chute n’était pas très-rapide. Quand je rouvris les yeux, j’aperçus la campagne. J’étais à deux milles de la mer, et l’ouragan m’y poussait avec force, quand une secousse brusque me fit lâcher prise. Mes mains s’ouvrirent, une corde glissa rapidement entre mes doigts, et je me trouvai à terre !

C’était la corde de l’ancre, qui, balayant la surface du sol, s’était prise dans une crevasse, et mon ballon, délesté une dernière fois, alla se perdre au delà des mers.

Quand je revins à moi, j’étais couché chez un paysan, à Harderwick, petite ville de la Gueldre, à quinze lieues d’Amsterdam, sur les bords du Zuyderzée.

Un miracle m’avait sauvé la vie, mais mon voyage n’avait été qu’une série d’imprudences, faites par un fou, auxquelles je n’avais pu parer !

Que ce terrible récit, en instruisant ceux qui me lisent, ne décourage donc pas les explorateurs des routes de l’air !