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à risquer, reprit le magister Hermod, puisque vous ne croyez pas aux esprits…

— Non… je n’y crois pas.

— Or, si ce ne sont pas des esprits qui reviennent au château, ce sont des êtres humains qui s’y sont installés, et vous ferez connaissance avec eux. »

Le raisonnement du magister ne manquait pas de logique : il était difficile à rétorquer.

« D’accord, Hermod, répondit le docteur Patak, mais je puis être retenu au burg…

— C’est qu’alors vous y aurez été bien reçu, répliqua Jonas.

— Sans doute ; cependant si mon absence se prolongeait, et si quelqu’un avait besoin de moi dans le village…

— Nous nous portons tous à merveille, répondit maître Koltz, et il n’y a plus un seul malade à Werst depuis que votre dernier client a pris son billet pour l’autre monde.

— Parlez franchement… Êtes-vous décidé à partir ? demanda l’aubergiste.

— Ma foi, non ! répliqua le docteur. Oh ! ce n’est point par peur… Vous savez bien que je n’ajoute pas foi à toutes ces sorcelleries… La vérité est que cela me paraît absurde, et, je vous le répète, ridicule… Parce qu’une fumée est sortie de la cheminée du donjon… une fumée qui n’est peut-être pas une fumée… Décidément… non !… je n’irai pas au château des Carpathes…

— J’irai, moi ! »

C’était le forestier Nic Deck qui venait d’entrer dans la conversation en y jetant ces deux mots.

« Toi… Nic ? s’écria maître Koltz.

— Moi… mais à la condition que Patak m’accompagnera. »

Ceci fut directement envoyé à l’adresse du docteur, qui fit un bond pour se dépêtrer.

« Y penses-tu, forestier ? répliqua-t-il. Moi… t’accompagner ?… Certainement… ce serait une agréable promenade à faire… tous