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tème aussi compliqué que ceux des labyrinthes de Porsenna, de Lemnos ou de Crète.

Tel que Thésée, pour conquérir la fille de Minos, c’était aussi un sentiment intense, irrésistible qui venait d’attirer le jeune comte à travers les infinis méandres de ce burg. Y trouverait-il le fil d’Ariane qui servit à guider le héros grec ?

Franz n’avait eu qu’une pensée, pénétrer dans cette enceinte, et il y avait réussi. Peut-être aurait-il dû se faire cette réflexion : à savoir que le pont-levis, relevé jusqu’à ce jour, semblait s’être expressément rabattu pour lui livrer passage !… Peut-être aurait-il dû s’inquiéter de ce que la poterne venait de se refermer brusquement derrière lui !… Mais il n’y songeait même pas. Il était enfin dans ce château, où Rodolphe de Gortz retenait la Stilla, et il sacrifierait sa vie pour arriver jusqu’à elle.

La galerie, dans laquelle Franz s’était élancé, large, haute, à voûte surbaissée, se trouvait plongée alors au milieu de la plus complète obscurité, et son dallage disjoint ne permettait pas d’y marcher d’un pied sûr.

Franz se rapprocha de la paroi de gauche, et il la suivit en s’appuyant sur un parement dont la surface salpêtrée s’effritait sous sa main. Il n’entendait aucun bruit, si ce n’est celui de ses pas, qui provoquaient des résonances lointaines. Un courant tiède, chargé d’un relent de vétusté, le poussait de dos, comme si quelque appel d’air se fût fait à l’autre extrémité de cette galerie.

Après avoir dépassé un pilier de pierre qui contrebutait le dernier angle à gauche, Franz se trouva à l’entrée d’un couloir sensiblement plus étroit. Rien qu’en étendant les bras, il en touchait le revêtement.

Il s’avança ainsi, le corps penché, tâtonnant du pied et de la main, et cherchant à reconnaître si ce couloir suivait une direction rectiligne.

À deux cents pas environ à partir du pilier d’angle, Franz sentit que cette direction s’infléchissait vers la gauche pour prendre, cin-