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pensait-il que Franz de Télek pourrait donner un bon conseil dont le village ferait son profit.

« J’ai dit : Oh !… Oh !… monsieur le comte, répliqua-t-il, et je ne m’en dédis point.

— Y a-t-il dans les environs de Werst quelque merveille à visiter ? reprit le jeune comte.

— Quelque merveille… répliqua maître Koltz.

— Non !… non !… » s’écrièrent les assistants.

Et ils s’effrayaient déjà à la pensée qu’une seconde tentative faite pour pénétrer dans le burg ne manquerait pas d’attirer de nouveaux malheurs.

Franz de Télek, non sans un peu de surprise, observa ces braves gens, dont les figures exprimaient diversement la terreur, mais d’une manière très significative.

« Qu’il y a-t-il donc ?… demanda-t-il.

— Ce qu’il y a, mon maître ? répondit Rotzko. Eh bien, paraît-il, il y a le château des Carpathes.

— Le château des Carpathes ?…

— Oui !… c’est le nom que ce berger vient de me glisser dans l’oreille. »

Et, ce disant, Rotzko montrait Frik, qui secouait la tête sans trop oser regarder le biró.

Maintenant une brèche était faite au mur de la vie privée du superstitieux village, et toute son histoire ne tarda pas à passer par cette brèche.

Maître Koltz, qui en avait pris son parti, voulut lui-même faire connaître la situation au jeune comte, et il lui raconta tout ce qui concernait le château des Carpathes.

Il va sans dire que Franz de Télek ne put cacher l’étonnement que ce récit lui fit éprouver et les sentiments qu’il lui suggéra. Quoique médiocrement instruit des choses de science, à l’exemple des jeunes gens de sa condition qui vivaient en leurs châteaux au fond de campagnes valaques, c’était un homme de bon sens. Aussi, croyait-il