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la maison à vapeur.

railway les déposait à l’île de Bombay, qui, avec les îles Salcette, Éléphanta et autres, forme une magnifique rade et porte à son extrémité sud-est la capitale de la Présidence.

Le colonel Munro ne devait pas rester dans cette grande ville, où se coudoient des Arabes, des Persans, des Banyans, des Abyssiniens, des Parsis ou Guèbres, des Scindes, des Européens de toutes nationalités, et même, — paraît-il, — des Indous.

Les médecins, consultés sur l’état de lady Munro, recommandèrent de la conduire dans une villa des environs, où le calme, joint à leurs soins de tous les jours, au dévouement incessant de son mari, ne pouvait manquer de produire un salutaire effet.

Un mois se passa. Pas un des compagnons du colonel, pas un de ses serviteurs n’avait songé à le quitter. Le jour, qui n’était pas éloigné, où l’on pourrait entrevoir la guérison de la jeune femme, ils voulaient tous être là.

Ils eurent enfin cette joie. Peu à peu lady Munro revint à la raison. Ce charmant esprit se reprit à penser. De ce qu’avait été la Flamme Errante, il ne resta plus rien, pas même le souvenir.

« Laurence ! Laurence ! » s’était écrié le colonel, et lady Munro, le reconnaissant enfin était tombée dans ses bras.

Une semaine plus tard, les hôtes de Steam-House étaient réunis dans le bungalow de Calcutta. Là allait recommencer une existence bien différente de celle qui avait empli jusqu’alors la riche habitation. Banks y devait passer les loisirs que ses travaux lui laisseraient, le capitaine Hod les congés dont il pourrait disposer. Quant à Mac Neil et Goûmi, ils étaient de la maison et ne devaient jamais se séparer du colonel Munro.

À cette époque, Maucler fut obligé de quitter Calcutta pour revenir en Europe. Il le fit en même temps que le capitaine Hod, dont le congé était expiré et que le dévoué Fox allait suivre aux cantonnements militaires de Madras.

« Adieu ! capitaine, lui dit le colonel Munro. Je suis heureux de penser que vous n’avez rien à regretter de votre voyage à travers l’Inde septentrionale, si ce n’est peut-être de n’avoir pas tué votre cinquantième tigre.

— Mais il est tué, mon colonel.

— Comment ! Il est tué ?

— Sans doute, répondit le capitaine Hod avec un geste superbe. Quarante-neuf tigres et… Kâlagani… cela ne fait-il pas mes cinquante ? »