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DE ROTTERDAM À COPENHAGUE.

vraient dans les flancs de cet édifice gigantesque, et leur gonflement indiquait la grande quantité d’objets de toutes sortes que recelait leur profondeur. Thomas Pearkop ignorait que nous revenions d’Elseneur. Sur sa bonne grosse figure perçait un vif sentiment d’orgueil. Aussi fut-ce avec une certaine solennité qu’il nous dit :

« Gentlemen, the british squadron ! You did not see the british squadron ?

— Oui ! lui répondis-je, oui, certainement, nous l’avons vue, l’escadre anglaise ! Vous êtes encore en retard comme pour la comète, mon brave pilote ! Mais, consolez-vous, ce n’est pas votre faute ! Vous ne pouviez pas apercevoir l’escadre avant nous, puisque nous étions à Elseneur quand elle a donné dans le Sund, et que…

— Cela devait être bien beau ! » s’écria Thomas Pearkop, sans me laisser achever, mais avec un tel sentiment d’envie et une si vive expression de regret de n’avoir pu assister à ce spectacle, que je cessai immédiatement mes plaisanteries devant cette explosion de patriotisme.

Assurément les Anglais ont quelques travers. Quel est le peuple qui n’en a pas ? Il faut cependant leur rendre justice : quand il s’agit de leur flotte, de leur armée, de leurs volontaires, du gouverne-